BLONDIN Hélène

BLONDIN Hélène

Vit dans le Gers Éducatrice de formation, Elle travaille avec des adolescents. Elle peint depuis une vingtaine d’années. Autodidacte, son univers se met en place tout doucement. Elle utilise alors principalement la peinture à l'huile et le couteau, appréciant la contradiction des deux matériaux, d’un côté la sensualité de l'autre la dureté. C'est un monde tout en couleur faussement naïf dans lequel, elle tente de poser des émotions, de toucher des blessures enfouies, d'exprimer l'abandon et la fragilité de l'instant. Elle voudrait faire pleurer les pinceaux, laisser aller la couleur sans retenue, et pouvoir faire surgir l'indifférence qui nous entoure. Helene Blondin s’interroge sur l’homme, plus précisément le “dedans” de l’homme. Elle se range du côté des exclus, des blessés de la face et du cœur. « A cause ou grâce à une tendinite, j'ai dû délaisser mon atelier mes toiles et mon couteau. Alors, je me suis installée à mon bureau, j'ai pris des feuilles, des crayons, des feutres, des pastels gras et j'ai commencé! Petit à petit des personnages et des animaux marqués de tristesse et d'humour se sont mis en scène, dans un monde interdépendant, où le sort de chacun est lié à celui de l'autre. J'aime ce que m'apporte cette nouvelle technique, une nouvelle respiration! » Hélène BLONDIN 2017 Il y a quelque chose des Métamorphoses d'Ovide dans ces peintures. Elles fixent l'instant de la transformation de l'homme à l'animal ou de l'animal à l'homme. Mais aussi de l'enfant à l'adulte, ou l'inverse. Et enfin de la souffrance à la joie, et réciproquement. Les visages sont comme sidérés devant l'improbable de l'existence, face à l'incompréhension de ce que la vie peut infliger, mais les corps sont également si proches les uns des autres qu'ils témoignent d'une forme de solidarité avec le reste du monde. Ces êtres semblent se pardonner. Texte d'Emmanuel Merle à propos des pastels d’Hélène Blondin pour le catalogue art partagé 2016. Chorégraphies acidulées. En quelques traits rapides et nerveux, Hélène Blondin fait surgir du néant ses créatures imbriquées qu’elle plaque sur la feuille blanche dont elle garde toujours le blanc immaculé comme arrière-plan, nous renvoyant ainsi à notre propre angoisse du vide. Ses personnages-créatures nous fixent comme s’ils étaient aplatis derrière une plaque vitrée isolée qui nous empêcherait d’entendre leurs cris, leurs rires, leurs pleurs, leurs soupirs… Certains d’entre eux sont reliés par un fil qui peut varier de couleur. IL nous apparait selon notre humeur indestructible ou cruellement fragile. Les sourires cicatrices de bouche, cachent des fleurs, les dents protègent des cœurs qui saignent, des mains amputées de caresses, des bras trop courts qui en disent long…Tout s’entremêle et tout n’est plus qu’une chorégraphie qui les fait dégringoler les uns des autres pour mieux s’embrasser, s’étouffer, s’enlacer, s’avaler. Ces jongleurs trébuchants nous drapent de nos propres secrets, fantasmes, tristesses, chaleurs… À double tranchant, les couleurs acidulées, giclées sont à la fois révélatrices de douceurs mais aussi de chairs et âmes endolories et lorsqu’elle choisit d’étaler sa couleur jaune, la citation de Kandinsky fait écho en nous : « le jaune citron vif blesse les yeux, on dirait une oreille déchirée par le son aigu de la trompette ». Izabella Ortiz, artiste plasticienne