Alberto

Alberto

Albert RÉMY dit ALBERTO né en 1938 à Saint Florent le Vieil (49), vit et travaille à Angers Complètement autodidacte, vendeur de disques de jazz, assureur, bouquiniste sur les marchés pendant quinze ans, l’opération d’une tumeur dans un conduit auditif le laisse en partie paralysé. Il se met alors à peindre, de la main gauche alors qu’il est droitier, il réalise sa première peinture en 1994 à l’acrylique sur des matières brutes. C’est donc un jeune en peinture. Alberto n’est pas un cuistre, c’est un tendre qui s’évapore à grosses gouttes. Sa sueur coule sur les toiles dans un flot généreux, sanguin, magnanime… Il peint jour et nuit d’une grosse patte velue à la fois grasse et futile… Alberto a un œil humide mais l’autre acerbe, aux aguets prêt à bondir sur les petites dérisions des parvenus, les comédies de paillassons, les ébats de cravatés de tous poils, des pétroleurs et des abscons. Alberto rigole dans sa barbe, et dans ce ruisseau ininterrompu qui se déverse de son pinceau, il rebat tranquille les cartes du monde, les broie de couleurs… Alberto est bavard comme une omelette qui déborde de la poêle, suave comme un plat en sauce sur le coin du feu… Alberto est un vivant, un brut, un décoffré, tonitruant dans la fausseté des chalands, il hante fièrement les prétoires d’un tribunal de l’âme, défend sa peau, la vend chèrement et nous protège ainsi de cette déchéance infernale. Alberto dérange, déroge à la sénescence, bougonne certes, ronge un frein éternel sans fin sans limite, mais c’est un idolâtre du cœur, de l’émotion perchée qu’il chatouille à fleur de lame, sans fard ni paupière, d’un moucheté à couper le souffle. Alberto n’est qu’un simple humain, mais surtout un forcené de l’art, le courtisan insatiable d’une certaine élégance… Jean-François Barrat