Audrey Tusseau

Audrey Tusseau

Née en 1984, vit et travaille à Juigné les Moutiers 44. « J’ai toujours aimé les Arts-plastiques. Dans l’enfance, je passais beaucoup de temps à dessiner, bricoler, peindre, expérimenter. Je n’ai pas osé m’orienter vers des études artistiques. J’ai travaillé d’abord comme éducatrice, avec pleins d’humains. J’ai fait ça jeune, et je ne me sentais pas toujours à ma place dans le travail en institution… Puis, je suis partie vivre en Belgique. Là, je me suis formée au métier de couturière, en parallèle de petits boulots. C’était une période très inspirante pour moi. Je me rends compte aujourd’hui que c’était sans doute un moyen d’approcher la matière, sans oser aller plus franchement vers les Arts-plastiques. Car quand je peins, dessine, ou réalise un tableau, je me sens vivante, ou du moins traversée par les choses et liens qui m’habitent. J’ai continué à travailler avec les humains, différents petits boulots en Belgique, serveuse, aide à domicile, costumes de théâtre, animation d’ateliers textiles, musée de la marionnette. Aujourd’hui, je travaille comme animatrice auprès de personnes âgées. Je vis à la campagne, loin du bruit, près de la forêt. Je suis aussi mère d’une enfant de 11 ans. Et j’ai fini par m’installer un atelier accolé à la cuisine, en plein milieu du quotidien familial. C’est un peu paradoxal, car j’aime créer dans l’intimité, mais devenue mère je créais moins lorsque je cherchais à m’isoler. Je crée par fragments, par petits instants du quotidien, mais surtout le soir, quand le temps se dilate et que je me retrouve seule. J’aime les objets artisanaux, les puces, j’aime le folklore, les costumes, les tissus. J’aime le beau dans le moche. J’aime la musique. J’aime chercher des anagrammes. J’aime marcher derrière chez moi dans les anciennes carrières d’ardoises. J’aime les ruisseaux et la forêt. J’aime les nuages et les étoiles. J’aime les feuilles. Et les arbres. Les nids. Les cailloux. J’aime les gens sympas. J’aime retrouver l’amusement de l’enfance quand je crée. Je suis un peu effrayée par la technologie. J’ai peur des rapports de pouvoir. Je n’aime pas la bêtise humaine et la lâcheté. » « Je crée de manière autodidacte. Le travail de la matière est mon terrain d'exploration, notamment à travers le dessin, la peinture, le collage, l’assemblage de divers matériaux. Mes expériences de couturière m’ont amené à intégrer le textile dans ma pratique artistique. Les visages et figures sont des formes qui reviennent spontanément dans mon travail. Quand je crée une image, je ne sais pas ce qui va en sortir. Ce que je choisis, c'est le matériau avec lequel j'ai envie de travailler au moment où je m'implique dans la création. Ça part avant tout du plaisir à travailler avec tel ou tel type de matériau. Je ne sais jamais à l'avance où je vais aller. Le collage, parfois l'accumulation et la répétition de motifs, constituent le mouvement, la vibration. L'assemblage de formes souvent figuratives devient comme une écriture qui se déplie et se déploie. Puis je me laisse traverser par une autre forme de langage, c'est ici qu'intervient le dessin, la représentation de figures, de symboles, de corps, de visages… Car laisser prendre forme et créer des images, que je n’ai pas cherché à produire, en tout cas jamais comme elles surgissent, implique de ne pas savoir grand-chose, d’expérimenter, et de laisser émerger ce qui vient, sans trop de jugement. Peut-être que mes tableaux invitent à regarder l’étrange en soi, l’étranger, l’autre? A travers mon travail, je navigue entre les futurs et les passés, autour de l’existence, entre mort et naissance. »