ERRARD DOUILLARD Sylvie

ERRARD DOUILLARD Sylvie

Née en 1966, vit et travaille à Nantes Pour cette expo 10, nous avons choisi de montrer une série de travaux au fusain, intitulée Dans la Caverne « Adolescente je voulais faire les Beaux Arts. Le conseiller d’orientation m’a demandé si je dessinai sur mes cahiers de math, ce n’était pas le cas. Il m’a proposé de choisir une autre filière… Je ne savais pas défendre mes désirs à cette époque, et je n’ai rien dit, ne sachant plus quoi faire. Non, je ne dessinais pas sur mon cahier de math… c’était impensable, j’avais un père dans l’armée, et une mère qui suivait de près mon travail. J’ai fait des études de sociologie, puis de commercial. J’ai travaillé, travaillé, toujours plus, sans jamais être satisfaite, remplir, encore et encore, sans autre but que ça, mais je n’avais pas d’intérêt particulier en dehors du travail. J’ai repris le dessin suite à un bilan de compétence, j’ai pratiqué divers ateliers d’artistes. Cette série de fusains est née à un tournant de ma vie. J’ai démissionné d’un poste de cadre, j’ai dit stop à cette vie sans sens. J’ai réalisé mon rêve d’adolescence, les Beaux-arts où j’ai été admise en tant qu’auditrice libre. Ce qui me reste de cette année-là est la notion de concept, des cours passionnants d’histoire de l’art, et des intervenants extérieurs très intéressants. Après les Beaux-arts, « je me suis enfermée » dans mon appartement, afin de faire quelque chose pour moi, surtout pas dans le but d’exposer. J’ai essayé diverses techniques, et j’ai commencé les fusains. J’avais de vieux papiers que m’avait donnés mon père. Ils dataient du temps où il était professeur technique dans la marine. Ce papier avait la particularité d’avoir en bas de la feuille une grille, et un avertissement : ne pas tracer dans cette partie. C’était parfait pour lâcher prise et c’est ainsi que j’ai commencé à projeter mon inconscient sur le papier. J’ai appelé cette série de fusains « Dans la caverne », en écho au mythe de la caverne de Platon. Ce que j’en ai retenu, c’est que dans ce mythe, des hommes vivent dans une caverne, ils ont peur d’en sortir. Ils ne voient du monde extérieur que des ombres, sur lesquelles ils font des projections. Un homme plus courageux va sortir, être ébloui par la lumière extérieure, et découvrir le monde réel. Il se trouve libéré de ses peurs. Il retourne dans la caverne pour éclairer ses compagnons qui refusent de le croire… Quand je crée, je concrétise un désir, mais je ne sais pas où je vais, pourquoi j’ai envie de faire ça. C’est après que j’essaie d’y mettre des mots. J’ai nommé l’ensemble de ce que je crée « Sur le chemin ». Je crée les morceaux d’un puzzle, et quelquefois j’ai l’impression de comprendre qu’un morceau s’emboite sur un autre … »