Adèle BESSY

Adèle BESSY

Née en 1946, Adèle Bessy vit et travaille à Achères Face aux œuvres d'Adèle Bessy, le visiteur est forcément ébahi en constatant la totale démesure de l'artiste. De véritables grappes 'humaines' se bousculent sur la toile, se chevauchent, confrontent leur monstruosité, deviennent centaures, griffons..... L'œuvre prend des connotations culturelles, se rapproche de Bruegel, Bosch, ou Arcimboldo. Tout se passe comme si, soudainement, les fantasmes les plus fous étaient permis, comme si chaque personnage mettait son âme sur son visage, étalait au grand jour ses plaies et ses meurtrissures intérieures… Partout, un foisonnement insensé de personnages seuls ou en couples, serrés les uns contre les autres ; des entrelacs d'individus aux fins visages ou au contraire aux faciès monstrueux, mêlent à leur vie menée avec la plus grande vivacité, une évidente jubilation perverse. La précision du pinceau de l'artiste, la finesse du détail, l'art de rendre une sensation de velouté, d’appliquer la matière sans retenue ; puis longuement, de fignoler, parachever.... témoignent d'un talent, d'une précision, d'une patience remarquable. Le tout traité dans des couleurs de brun vert glauques, des ocres violacés souvent morbides, des bruns tirant vers le noir... Une gamme chromatique dont les parfaites harmonies donnent à l'œuvre d'Adèle Bessy une dimension poétique qui, mêlée à son imaginaire à la fois obsessionnel et fantasmatique, confèrent à son œuvre une puissance expressive tout à fait originale. Jeanine Rivais, critique d’art « Mon travail n’a plus de rapport direct avec la réalité. Il a trait à une espèce d’au-delà, un inconnu où je situe des esprits qui m'influencent, m'apportent des images irréelles et non des images qui seraient des tranches de vie. Mes personnages ne sont plus entiers, ils sont déstructurés, anges ou démons, sans aucune matérialité, des sortes de particules de l'atmosphère… des petits morceaux d'un puzzle. Faire naître, fignoler, parachever une telle multitude de petits personnages est en effet une œuvre de longue haleine qui exige une concentration, une précision extrêmes. C’est pourquoi je travaille avec une loupe très forte et passe de longs moments sur chaque partie de ma toile. Mes personnages sont libérés, délivrés de leur carcan, de leur obligation de tenir un rôle ! Ils peuvent vivre, dire ce qu’ils veulent. Ils sont libres, par conséquent beaucoup plus jubilatoires. Tout ce que je mets sur la toile est spontané, non réfléchi. Peindre me procure un sentiment de libération par lequel je rejoins un peu mes personnages dans leur propre jubilation ! Mais je ne m’identifie pas du tout à eux, je les regarde en simple spectatrice ! Pour moi ce sont des êtres qui vivent ailleurs, même s’ils sont, comme je l’ai dit, en même temps un peu anges gardiens, un peu démons. Ils sont là, comme le travail des imagiers ou les gargouilles des cathédrales, pour m’aider, peut-être à distinguer le bien du mal… » Extraits d’un entretien entre Jeanine Rivais et Adèle Bessy