Pierre Brunellière

Pierre Brunellière

Né en 1949, vit et travaille à Angers J'ai choisi d'appeler mon élan créateur l'art bourru. Depuis 1998, je navigue dans les courants sauvages de cette géographie imaginaire me heurtant parfois aux récifs des incompréhensions. C'est comme ça et c'est très bien. Je fais émerger des monstres marins ou telluriques assez surprenants venus de nulle part. Peut-être viennent-ils des profondeurs des abysses ou des constellations lointaines. Car vraiment tout ce monde bourru est étrange et indéfinissable. Des forces obscures le traversent et je m'en empare sans trop savoir ce qu'elles sont. Je les fais surgir et les représente avec fougue, rage et douceur en leur donnant des noms, des formes et des visages inconnus mais pourtant familiers. C'est un côté un peu médiumnique de mon art fait de pulsions et de mouvements inattendus. Mouvements, forces, énergies qui font tout pour se fondre, se définir ou s'imposer sans que je maîtrise la finalité. Quand je les capte trop, elles se figent. Quand je les entoure trop, elles s'immobilisent et se taisent ne laissant apparaître qu'une scène sans passé et sans lendemain. L'effort que je déploie est donc d'être là à l'affût pour attraper presque à mon insu ce qui advient, ce qui passe, ce qui se passe. La satisfaction vient de ces envolées saisies et fugaces qui disparaissent très vite. Être en mouvement et s'en saisir c'est paradoxal mais vraiment jouissif quand cela est possible. C'est un grand plaisir de partager les œuvres issues de ce travail d'émergence. Pratiquer un art ne fait pas forcément un artiste. Le statut officiel n'est qu'une formalité qui ne donne qu'un titre. L'art demande une démarche, une réflexion, une approche lentement mûrie et approfondie, sans cesse remise en question. Pour ma part, je ne suis pas vraiment artiste, j'ai une âme ou un penchant d'artiste. Je ne suis pas non plus poète même si j'aime écrire des textes poétiques. J'ai donc trouvé un subterfuge en choisissant d'être peintre encolleur et bricoleur en rêvitude. C'est vague et indéfini et ça me convient. Les brouillaminis de mes débuts de travaux vont peu à peu devenir des humains ou des animaux qui entrent en scène dans un jeu théâtral. Ces signes sont complétés selon mes réactions du moment. Je ne sais plus dans cette surface ce qui est de moi ou de la matière. Je procède par pulsion, par élan. Un jaillissement qui donne naissance à des mouvements de danses : farandoles qui composent des imbroglios. Le monde de mon enfance est là, le chaos du monde transparaît. Je suis traversé par ces images mythologiques, littéraires ou cinématographiques. Je les broie, les digère, les transforme et les donne à voir. On est dans un espace ouvert et non déterminé.