ROHO

ROHO

« Je ris et bataille à Nantes. Né en janvier 65, un jour froid et gris, je n’ai cessé de rêver d’un monde chaud et coloré. J’ai commencé à peindre très jeune avec ma main gauche. Je m’exprime, j’avale, je recrache. Je me sens témoin d’une époque que je trouve pour le moins déroutante. J’ai peint tout un temps sur des cubes en bois, puis sur des algues, actuellement je travaille sur du papier, c’est plus compliqué, je me lance et navigue sur ce grand océan blanc. J’utilise de la gouache, j’aime sa palette d’ondes. J’ai rencontré des tas de gens différents qui ne m’ont pas laissé indifférent, j’essaie de faire du vélo, je fume, je bois, je perds mes cheveux, mes neurones, j’aime le blues parce que c’est vivant… Ce n’est pas le discours qui engendre l’œuvre, mais l’ouvrage qui m’amène à penser. Je ne veux pas passer pour un complet illuminé (quoique) mais l’acte créatif, sa maturation, sa réalisation demeure pour moi encore magique, venant je ne sais d’où, d’un fatras cognitif et j’entends bien qu’il le demeure ; ce sont là les coulisses d’un spectacle, je ne connais pas l’accessoiriste qui est sûrement un type bien au demeurant… Je suis peintre, assurément pas plasticien, je suis jardinier sûrement pas paysagiste. Entretien-t-on notre relation à l’espace avec des souffleurs thermiques, des tondeuses électroniques ; avons-nous besoin d’une théorie pour ressentir une émotion fruit d’une simple et belle longueur d’onde. J’ai des doutes, je pense que l’on nous embrouille, que certains essaient jour après jour de nous faire la tête un peu plus au carré. Mais je résiste, j’ai toujours cette ile aux fleurs qui pousse sauvage et rebelle dans les courbures de mes pensées… Quand on est autodidacte, on nait orphelin, c’est un problème et une chance. J’ai choisi ma famille. Mes frères et sœurs sont tordus, ils ne filent pas droit, ne rentrent pas dans les cases, les drôles. Ce ne sont pas des Artistes, des Footballeurs, ce sont des êtres humains. Ils viennent d’un monde pas spécialisé, d’un monde entier pas découpé. J’essaie avec eux de recoller ce monde, je me sens comme une espèce de compilateur d’images, d’impressions, je poursuis mon petit bonhomme de chemin, oui un chemin, pas une route ; la progression s’y fait lente, sinueuse, hachée…et il y a toujours dans ma tête des mots comme plaisir, liberté, rêve qui luttent contre convocations, castrations, prisons des mots en on à la con… »